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En cadeau de bienvenue pour ta première visite, voici un conte tout prĂ©cieux du grand Henri Gougaud qui est remontĂ© vers son Ă©toile d’origine cette annĂ©e… Un magnifique conte breton qu’il a retranscrit avec sa poĂ©sie.

 Ce conte honore 2 des grandes lois sacrĂ©es qui rĂ©gissent l’univers: tout nait de la profonde fĂ©minitĂ©/ rien ni personne ne peut blesser l’enfant magique. Une pĂ©pite de sagesse se cache dans ces mots. J’adore ! 

La Mère des contes

“OĂą sont donc nĂ©s les contes, et pourquoi, et comment ?

Une femme l’a su, aux premiers temps du monde. Qui l’a dit à la femme ? L’enfant qu’elle portait dans son ventre. Qui l’a dit à l’enfant ? Le silence de Dieu. Qui l’a dit au silence ?

            Il Ă©tait une première fois, dans la grande forĂŞt des premiers temps, un rude bĂ»cheron et son Ă©pouse triste. Ils vivaient pauvrement dans une maison basse, au cĹ“ur d’une clairière. Ils n’avaient pour voisins que des bĂŞtes sauvages et ne voyaient passer, dehors, par la lucarne, que vents, pluies et soleils.

Mais ce n’était pas la monotonie des jours qui attristait la femme de cet homme des bois et la faisait pleurer, seule, dans sa cuisine. De cela elle se serait accommodée, bon an, mal an.

Hélas, en vérité, son mari avait l’âme aussi broussailleuse que la barbe et la tignasse. C’était cela qui la tourneboulait. Caressant, il l’était comme un buisson d’épines, et quand il embrassait en grognant sa compagne, ce n’était qu’après l’avoir battue.

Tous les soirs il faisait ainsi, dès son retour de la forêt. Il poussait la porte d’un coup d’épaule, empoignait un lourd bâton de chêne, retroussait sa manche droite, s’approchait de sa femme qui tremblait dans un coin, et la rossait.

C’était sa façon de lui dire bonsoir.

Passèrent mille jours, mille nuits, mille roustes. L’épouse supporta sans un mot de rĂ©volte les coups qui lui pleuvaient chaque soir sur le dos. Vint une aube d’étĂ© sur la clairière. Ce matin-lĂ , comme elle regardait son homme s’éloigner sous les grands arbres, sa hache en bandoulière, elle posa les mains sur ses  hanches et pour la première fois depuis le jour de ses Ă©pousailles elle sourit. Elle venait Ă  l’instant de sentir une vie nouvelle bouger lĂ , dans son ventre.

« Un enfant ! » pensa-t-elle, tremblante, émerveillée. Mais son bonheur fut bref, car lui vint aussitôt plus d’épouvante qu’elle n’en avait jamais enduré.

« Misère, se dit-elle, qui le protégera si mon mari me bat encore ? En me cognant dessus, il risque de l’atteindre. Il le tuera peut-être avant qu’il ne sot né. Comment sauver sa vie ? En n’étant plus battue. Mais comment, Seigneur, ne plus être battue ? »

Elle réfléchit à cela tout au long du jour avec tant de souci, de force et d’amour neuf pour son fils à venir qu’au soir elle sentit germer une lumière.

            Elle guetta son homme. Au crĂ©puscule il s’en revint, comme Ă  son habitude. Il prit son gros bâton, grogna, leva son bras noueux. Alors elle lui dit :

– Attends, mon maĂ®tre, attends ! J’ai appris aujourd’hui une histoire, elle est belle. Ecoute-la d’abord, tu me battras après.

            Elle ne savait rien de ce qu’elle allait dire, mais un conte lui vint. Ce fut comme une source innocente et rieuse. Et l’homme demeura captif, si pantois et content qu’il oublia d’abattre son bâton sur le dos de sa femme. Toute la nuit elle parla. Toute la nuit il l’écouta, les yeux Ă©carquillĂ©s, sans remuer d’un poil. Et quand le jour nouveau Ă©claira la lucarne, elle se tut enfin. Alors il poussa un soupir, vit l’aube, prit sa hache et s’en fut au travail.

            Au soir gris, il revint. Elle l’entendit pousser la porte Ă  grand fracas. Elle courut Ă  lui.

– Attends, mon maĂ®tre, attends ! Il faut que je te dise une nouvelle histoire. Ecoute-la d’abord, tu me battras après !

A l’instant même un conte neuf naquit de sa bouche surprise. Comme la nuit passée son époux l’écouta, l’œil rond, le poing tenu en l’air par un fil invisible. Le temps parut passer comme un souffle. A l’aube elle se tut. Il vit le jour, se dit qu’il lui fallait partir pour la forêt, prit sa hache, et s’en alla.

            Et quand le soir tomba vint encore une histoire. Neuf mois, toutes les nuits, cette femme conta pour protĂ©ger la vie qu’elle portait dans le ventre. Et quand l’enfant fut nĂ©, l’homme connut l’amour. Et quand l’amour fut nĂ©, les contes des neuf mois envahirent la terre. BĂ©nie soit cette mère qui les a mis au monde.

Sans elle les bâtons auraient seuls la parole.”

Adresse : Le Muret
81140 Vaour , France

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